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nicolas sarkozy - Page 9

  • La disparition du Centre et la bipolarisation ne sont pas inévitables

     

     

     

    Nous y serions enfin! Après bien des tentatives et des prédictions de nombre de politologues, le Centre serait en voie de disparition du paysage politique français (il se porte très bien dans un certain nombre de pays).

     

    Les résultats du premier tour des élections législatives démontreraient qu’il n’y a plus de place pour des partis centristes sous le régime de la V° République.

     

    Force est de reconnaître que l’affirmation parait crédible.

     

    Avec moins de 6% des voix pour la totalité des formations qui se présentaient comme centristes ou au centre, il semble bien que nous soyons en train de vivre le crépuscule du Centre.

     

    Même chez les militants des partis centristes, l’heure est au découragement.

     

    D’autant que la bipolarisation de la vie politique se ferait entre deux partis «attrape-tout», un parti de droite positionné au centre-droit et un parti de gauche positionné au centre-gauche.

     

    Avec, à la clé, une gouvernance au centre.

     

    Dès lors, l’utilité même de partis centristes n’existerait plus.

     

    Voilà un constat qui parait limpide.

     

    Mais qui est un trompe-l’œil…

     

    D’abord, ceux qui nous annoncent la bipolarisation font l’impasse sur le Front de gauche et, surtout, sur le Front national.

     

    Les deux extrêmes sont bien vivants et pèsent sur la politique française même s’ils n’ont, pour l’instant, aucune chance de parvenir au pouvoir.

     

    Sans oublier les écologistes.

     

    Bien, nous disent les partisans de la bipolarisation mais tout cela revient à deux blocs où les gauches se retrouvent d’un côté et les droites de l’autre (à l’exception, pour l’instant, du Front national, présenté comme un parti de contestation, donc pas intégré réellement au jeu politique).

     

    D’ailleurs, une grande partie des centristes sont déjà dans ces deux blocs, les Radicaux de gauche avec le Parti socialiste, le Nouveau centre et le Parti radical avec l’UMP.

     

    Ce qui serait condamné serait un parti politique centriste autonome du style UDF et, surtout, du style Mouvement démocrate, celui qui affirmerait son indépendance entre la Droite et la Gauche.

     

    Je ne crois pas à cette thèse.

     

    Bien sûr, le mode de scrutin de la V° République est défavorable aux partis centristes.

     

    Mais ce scrutin n’a pas empêché l’existence de l’UDF créée en 1978 et qui fut, rappelons-le, le premier parti de France et alors même que les politologues avaient annoncé la disparition du Centre dès le début des années 1960.

     

    De même, il suffirait qu’une dose de proportionnelle soit instituée, comme l’a promis François Hollande, pour que la donne change.

     

    Mais même sans cela, l’existence d’un parti centriste n’est pas impossible, loin de là.

     

    Quel est donc le problème actuel du Centre?

     

    Prenons l’exemple de l’élection présidentielle pour examiner les deux erreurs commises par les centristes.

     

    La première est celle d’Hervé Morin qui a lui-même présenté sa candidature comme une candidature de témoignage puisqu’il avait déclaré que quoi qu’il arrive, il se désisterait pour Nicolas Sarkozy au second tour.

     

    En faisant cette annonce, il a démontré par l’absurde qu’il n’y avait aucun intérêt à voter pour lui puisque le Nouveau centre n’était en réalité qu’un simple appendice de l’UMP.

     

    La deuxième est celle de François Bayrou qui a encore une fois confondu indépendance et isolement.

     

    Car, après avoir voté François Hollande au deuxième tour de la présidentielle, il devait, en toute logique, conclure un accord entre son Mouvement démocrate et le Parti socialiste pour les législatives.

     

    Les partis centristes n’étant pas hégémoniques ont absolument besoin de conclure des alliances avec les formations qu’ils estiment les plus proches d’eux.

     

    Si, en l’occurrence, le Nouveau centre s’est allié avec l’UMP (de manière sans doute trop proche…), le Mouvement démocrate devait s’allier avec le Parti socialiste au nom de la cohérence du choix de son candidat à l’élection présidentielle et président omnipotent.

     

    Non pas pour perdre son indépendance mais pour éviter son isolement.

     

    Sans pour cela remettre en cause le «ni gauche, ni droite» qui est le positionnement, par définition, du Centre.

     

    Encore une fois, indépendance et isolement ne sont pas synonymes.

     

    Mais le problème avec François Bayrou, c’était qu’il était persuadé qu’il serait élu président de la république.

     

    Dès lors, il ne concevait une alliance que dans le ralliement à sa personne une fois qu’il serait élu.

     

    L’échec de son ambition le laissait, comme en 2007, sans aucune stratégie cohérente.

     

    Ainsi, la bipolarisation qui semble ressortir de cette élection législative est due en grande partie aux erreurs des centristes et à leurs stratégies incohérentes.

     

    Des erreurs amplifiées par leur désunion.

     

    Celle-ci n’est pas une donnée intangible même s’il existe diverses sensibilités centristes comme il en existe à droite et à gauche.

     

    D’un certain côté, l’erreur de François Bayrou de n’avoir pas conclu d’accord avec le PS pour les législatives laisse ouverte la possibilité d’une refondation et d’une réunion du Centre pour les cinq ans de la nouvelle législature.

     

    De même, le fait que le Nouveau centre et le Mouvement démocrate (ainsi que le Parti radical) se retrouvent dans l’opposition leur donne une indépendance beaucoup plus grande que s’ils devaient supporter le gouvernement en place.

     

    De là, ils peuvent trouver des synergies et des combats politiques communs et amorcer un rapprochement par l’action.

     

    C’est de cette façon que les Français les considéreront à nouveau comme utiles et auront envie de voter pour eux.

     

    Ce scénario est aussi crédible que celui de la disparition du Centre.

     

    Alors, l’idée d’une bipolarisation inévitable sera à ranger dans la rubrique des idées reçues.

     

    Tout cela, aussi, parce que le Centre et le Centrisme, les idées et les valeurs qu’ils portent sont celles qui sont les plus consensuelles de la démocratie du XXI° siècle qui est en train de se construire.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Ni union nationale, ni cohabitation, la situation nécessite un Centre fort et indépendant

     

     

     

    Union nationale pour François Bayrou, cohabitation pour «équilibrer les pouvoirs» pour une Droite vaincue, majorité républicaine avec tous ceux qui soutiennent le programme de François Hollande pour le Parti socialiste, chacun y va de sa formule alors que les élections législatives approchent et donneront ou non une majorité à l’Assemblée nationale au nouveau Président de la république.

     

    Bien sûr, la logique voudrait que les Français lui donnent cette majorité afin qu’il puisse appliquer son programme puisqu’ils viennent de l’élire à la tête du pays.

     

    Pour autant, cela ne tombe pas sous le sens de manière aussi évidente.

     

    Pourquoi?

     

    Parce que l’on sait que François Hollande a autant été élu sur sa personnalité et ce qu’il propose que sur le rejet de la personne de Nicolas Sarkozy mais pas forcément du programme de ce dernier (certains disant même que c’est principalement la personnalité du président sortant qui a causé sa défaite).

     

    Dès lors, on se trouve dans un cas de figure particulier (même si on a pu dire la même chose de la victoire de François Mitterrand face à Valéry Giscard d’Estaing en 1981).

     

    Car si les Français veulent évidemment que l’économie redémarre et que le chômage baisse, ils savent néanmoins que la situation du pays est délicate, qu’il faut continuer à faire des efforts et que l’Etat doit faire des économies.

     

    On sait que l’assainissement des finances publiques et la maîtrise de la dette de la France sont incontournables mais que cela ne suffira pas s’il n’y a pas de croissance de l’économie, à la fois pour donner du travail au Français mais aussi pour ne pas perdre trop de terrain vis-à-vis des autres pays avancés et, surtout, des grands pays émergents qui, eux, continuent à se développer et n’ont aucun intérêt à nous attendre.

     

    Il y a donc urgence à trouver une formule gagnante entre ces deux nécessités qui semblent s’affronter plutôt que de se compléter.

     

    François Hollande assure qu’il l’a. Sera-t-elle magique? On le verra assez vite…

     

    Quoiqu’il en soit, dans cette situation très délicate, il convient de mettre en place un juste équilibre, celui qui permettra de faire autant de croissance que possible tout en gérant l’Etat avec la nécessaire et indispensable rigueur pour le faire sortir de la zone de très fortes turbulences dans laquelle il se trouve.

     

    Une partie de la réponse se trouve d’ailleurs au niveau européen. D’où l’importance d’approfondir au plus vite les liens avec nos partenaires de l’Union européenne.

     

    Politiquement parlant et afin d’éviter les dérapages clientélistes, les Français seraient bien inspirés de donner une majorité relative au Parti socialiste.

     

    Celui-ci ne pourrait donc pas agir à sa guise en creusant les déficits publics sous la pression de ses alliés encombrants du Front de gauche et devrait trouver des majorités au cas par cas.

     

    Et c’est là que le Centre pourrait alors retrouver, bien plus vite qu’on ne le pense, un rôle de premier plan.

     

    Au jour d’aujourd’hui, cette vision semble être un peu surréaliste au vu de l’état lamentable des partis centristes et du sauve-qui-peut qui va se mettre en place pour les prochaines législatives.

     

    Pour se faire élire, beaucoup de centristes auront besoin des voix de la Droite (Nouveau centre) ou de la Gauche (Mouvement démocrate).

     

    Mais, une fois l’élection passée, la recomposition du paysage politique sera possible si aucun des deux grands partis ne domine l’Assemblée nationale.

     

    Dès lors, les Radicaux de gauche et le Parti radical pourraient se rapprocher et, avec le Nouveau centre et le Mouvement démocrate, former une confédération des centres informelle qui serait l’élément d’équilibre dont nous avons tant besoin.

     

    Si l’on aboutit à cette configuration, alors le Centre retrouverait cette capacité d’indépendance et de se déterminer par rapport à ses propres valeurs et ses propres principes.

     

    Horreur! diront certains, revoilà la IV° République.

     

    Qu’ils se rappellent seulement que c’est grâce à elle que nous avons eu les Trente glorieuses, cette période où la croissance économique n’a jamais été aussi forte et où la France a retrouvé sa place dans le concert mondial des nations.

     

    On objectera, plus sérieusement, que ce scénario a très peu de chance de se réaliser. C’est vrai.

     

    Mais n’est-ce pas une configuration qui serait plébiscitée par une large majorité de Français à un moment crucial pour l’avenir du pays?

     

    En tout cas, aux centristes de faire tout leur possible pour s’en rapprocher.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le 6 mai, un nouveau départ pour le Centre?

     

     

     

    Se réjouissant de sa victoire, François Hollande a déclaré que le 6 mai était un nouveau départ pour la France, l’Europe et le monde.

     

    Même si le style est un peu emphatique, reprenons la formule pour se demander s’il en est de même pour le Centre.

     

    Celui-ci sort incontestablement affaibli de cette élection présidentielle et se retrouve, d’abord, face à lui-même.

     

    Les défaites de François Bayrou au premier tour et de Nicolas Sarkozy au second sont sans doute des opportunités pour aller de l’avant, même s’il convient de regretter que cette possibilité se fasse sur des échecs, notamment celui d’un président de droite qui n’avait guère eu beaucoup d’attention pour le Centre au cours de son quinquennat.

     

    Reste qu’en politique, ce sont autant les victoires que les défaites qui représentent des moments-clés et permettent de prendre des décisions importantes.

     

    Pour les centristes, le temps du constat mais, surtout, de l’action est venu.

     

    D’autant que les législatives vont très vite arriver.

     

    L’on serait bien en mal de dire qui va donner la nécessaire et salutaire première banderille.

     

    Le problème est que le Centre manque cruellement d’une personnalité qui fasse l’unanimité sur son nom.

     

    Tous ses leaders, sans exception, traînent des casseroles qui en font des persona non grata auprès d’une partie des centristes.

     

    Pourtant, si l’on veut que le Centre ait une expression électorale et un poids politique pour les cinq ans à venir, il va bien falloir agir.

     

    On pourrait appuyer sur le bouton «reset» comme Hillary Clinton, la secrétaire d’Etat américaine l’avait proposée à son homologue russe pour réenclencher sur de nouvelles bases les relations entre leurs deux pays.

     

    Bien sûr, rien ne s’oublie en politique.

     

    Néanmoins, pour reprendre en exemple Hillary Clinton, elle est bien devenue une des principales collaboratrices du président américain, Barack Obama, alors que leur lutte durant la primaire démocrate de 2008 avait été particulièrement dure et agressive.

     

    Car c’est dans l’intelligence et la conviction des centristes que se trouve la solution.

     

    Si leurs convictions dans les valeurs et les principes du Centre sont assez puissantes, alors ils trouveront l’intelligence de s’entendre parce qu’ils estimeront que ces valeurs et ces principes sont indispensables à la France et à l’Europe, particulièrement en ces moments difficiles et troublés où un parti néo-nazi peut entrer au Parlement grec sans faire plus d’émoi que cela.

     

    S’ils ne sont que des politiciens en mal d’un mandat électoral, on devrait assister à un spectacle qui fera beaucoup rire les commentateurs et consternera les centristes, les vrais.

     

    A eux de choisir entre l’intelligence et la bêtise, entre les convictions et l’opportunisme, entre l’Histoire et sa poubelle.

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • François Bayrou peut-il devenir le premier ministre de Nicolas Sarkozy?

     

     

     

    Nicolas Sarkozy a-t-il vraiment envie que François Bayrou soit son premier ministre? Au fond de lui-même, on peut en douter. Mais, nécessité faisant loi, il a absolument besoin de le prétendre pour s’accaparer les voix du Centre qui se porteront sur le leader du Mouvement démocrate au premier tour pour avoir une chance de l’emporter face à François Hollande.

     

    Et il doit faire la drague au candidat du Mouvement démocrate afin de tenter d’équilibrer son positionnement électoral face à des déclarations extrêmement clivantes et sensées lui apporter les voix du Front national qui ont rebuté nombre d’électeurs centristes.

     

    Ceux-ci, en effet, doutent encore fortement de leur appui le 6 mai prochain au président sortant, comme le montre les récents sondages.

     

    Néanmoins, admettons que Nicolas Sarkozy nomme François Bayrou après la présidentielle si, évidemment, il est réélu.

     

    Comment, après avoir porté des projets différents, les deux hommes pourront gouverner ensemble et sur quel programme?

     

    Commençons par le plus simple, le programme d’un gouvernement Bayrou sous présidence Sarkozy.

     

    Il est évident que les programmes électoraux des deux hommes se ressemblent peu ou prou pour nombre de mesures économiques ou sociales. Plus important, leurs philosophies sont assez proches sur les efforts à mener, la vision de la société et même sur des sujets comme l’autorité ou la responsabilité individuelle.

     

    On peut même penser que sur des sujets qui les opposent actuellement comme, par exemple, la dose de solidarité dont doit faire preuve la société envers les plus démunis, des compromis peuvent être trouvés.

     

    Il n’est donc pas aberrant d’affirmer qu’un centriste pourrait devenir le premier ministre d’un président de droite en s’appuyant sur les points de convergences programmatiques.

     

    Mais voici le plus compliqué, les relations entre les deux hommes ou, plus fondamental, la différence avec laquelle ils envisagent la manière de gouverner qui est parfois aussi importante que les mesures que l’on prend.

     

    Pendant quatre ans (un peu moins cette dernière année) les propos peu amènes et répétés de François Bayrou sur Nicolas Sarkozy ont démontré un vrai clivage dans ce domaine.

     

    Dès lors, comment François Bayrou pourrait accepter d’être le premier ministre d’un président bling-bling, au discours clivant, au comportement agressif et fonctionnant autour d’un clan, comme le prétend le leader du Mouvement démocrate?

     

    D’autant qu’il y la façon dont Sarkozy a envisagé pendant cinq ans la répartition des rôles avec son premier ministre, François Fillion, qu’il a qualifié de «collaborateur», se mettant constamment en avant et limitant son action.

     

    Bayrou pourra-t-il accepter de n’être qu’un premier ministre sans réel pouvoir et que tout se décide à l’Elysée?

     

    Et puis, se surajoute le problème Bayrou-UMP.

     

    Comment, en effet, le leader du Mouvement démocrate pourrait s’accommoder d’être sous la coupe de l’UMP (d’autant que le nombre de députés du Mouvement démocrate dans la prochaine Assemblée nationale sera peu important)?

     

    Comment, surtout, cette même UMP pourrait accepter de voir un centriste, qui plus est très critique sur le parti de droite depuis cinq ans et même depuis sa création, il y a dix ans, être le titulaire d’un poste si convoité?

     

    Ceux qui voient bien le tandem Sarkozy-Bayrou à la tête de l’Etat citent les exemples de couples improbables Georges Pompidou / Jacques Chaban-Delmas, Valéry Giscard d’Estaing / Jacques Chirac ou François Mitterrand / Michel Rocard pour affirmer que des hommes en concurrence, voire en opposition, peuvent gouverner ensemble.

     

    C’est oublier que Pompidou et Chaban ainsi que Mitterrand et Rocard appartenaient au même parti. Et c’est oublier que Chirac avait soutenu Giscard dès le premier tour de la présidentielle. Rien de tout cela entre Sarkozy et Bayrou.

     

    Du coup, la nomination de François Bayrou comme Premier ministre par Nicolas Sarkozy apparait comme hautement improbable au jour d’aujourd’hui. Sauf que, en politique, l’impossible d’hier devient souvent le possible de demain!

     

    Et n’oublions pas qu’occuper la fonction de Premier ministre n’est évidemment pas rien dans la carrière d’un homme politique. En France, elle est juste en-dessous de celle de Président de la république.

     

    Etre à Matignon, pour quelqu’un qui veut peser sur le cours de l’Histoire de son pays est bien mieux que de demeurer isolé au siège de son petit parti, rue de l’Université en ruminant sur un score qui s’annonce très décevant le 22 avril!

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Pour gagner, le Centre doit être indépendant et ouvert à des alliances

     

     

     

    Sociologiquement parlant, les démocraties occidentales sont désormais centristes dans l’âme. Un phénomène du, entre autres, à l’élévation du niveau de vie général et au développement d’une importante classe moyenne. Les solutions extrêmes sont souvent rejetées par l’énorme majorité de la population. Ainsi, une majorité des électeurs se situent dans le spectre large de la modération, de la droite modérée à la gauche modérée en passant par le Centre.

     

    Politiquement parlant, en revanche, on en est encore loin. Les joutes politiciennes sont toujours aussi exacerbées, les discours enflammés même si, ensuite, le gouvernement des pays se fait le plus souvent au centre de l’échiquier politique parce que c’est le seul lieu responsable pour agir.

     

    Dès lors, les partis du Centre qui ont vocation à occuper une position incontournable dans le gouvernement de ces pays avancés, doivent poursuivre deux buts. Loin d’être antimoniques, ils sont, au contraire, absolument complémentaires: affirmer la spécificité irréductible de la pensée centriste et nouer des alliances électorales et de gouvernement afin de participer au pouvoir lorsqu’ils ne sont pas majoritaires.

     

    C’est le cas particulier de la France.

     

    Si l’on voulait faire un clin d’œil à l’actualité du moment, les partis centristes français doivent agir, à la fois, comme François Bayrou et Hervé Morin, les deux anciens compères devenus ennemis irréductibles (ce qui ne veut pas dire grand-chose en politique où les séparations fracassantes ne sont que les préludes aux retrouvailles en grandes pompes)!

     

    Le splendide isolement centriste ou, à l’opposé, le ralliement systématique et sans conditions sont, tous deux, extrêmement dangereux pour les idées du Centre.

     

    Les cinq dernières années sont là pour le démontrer amplement. François Bayrou, dans son splendide isolement n’a pas fait progresser d’un iota la cause centriste. Et son probable échec lors du premier tour de la présidentielle sonnera sans doute le glas de ses ambitions et peut-être de sa carrière politique.

     

    Mais Hervé Morin et ses compères qui se sont ralliés sans condition après le premier tour de 2007 n’ont pas fait mieux pour le Centre. En témoigne la tentative désespérée et désespérante de ce dernier pour se présenter à la présidentielle. Mais la non-existence du Nouveau centre face à l’UMP pendant cinq ans ont abouti à ce que les Français, non seulement, ne comprenaient pas pourquoi son leader voulait se présenter contre Nicolas Sarkozy. Plus grave, ils ne le connaissaient même pas pour une grande partie d’entre eux et encore moins ses opinions politiques…

     

    Il faut dire que le Centre dispersé de 2007 - une partie, dont une majorité de militants, avec Bayrou et le futur Mouvement démocrate, une partie, dont la quasi-totalité des députés de feue l’UDF, ayant fait sécession pour s’allier avec l’UMP en créant le Nouveau centre, une partie, dont de nombreux centristes historiques, ayant intégré l’UMP depuis 2002 et une partie se trouvant au centre-gauche aux Radicaux de gauche ou même dans le PS (cette dernière préférant passer directement au ralliement avec Sarkozy sans passer par la case «Centre») - ne pouvait pas peser grand-chose pour imposer la prise en compte de ses vues et de ses valeurs. Les quelques miettes récoltées et fêtées comme des victoires éclatantes par les centristes de la majorité présidentielle ne peuvent cacher cette réalité.

     

    Ce qui est grave pour le Centre, c’est que cette configuration risque de perdurer. Déjà, pour la présidentielle, le Centre est désuni. Il y a peu de chances au jour d’aujourd’hui, pour qu’il soit réunifié pour les législatives (comment Bayrou, Morin et Borloo peuvent-ils s’entendre?).

     

    Ce n’est donc qu’après cet épisode électoral qui risque d’être une bérézina pour le Centre que les centristes se mettront peut-être autour d’une table pour discuter. Et l’on espère qu’ils le feront sérieusement et sans mettre en avant leurs égos surdimensionnés face à leurs réalités électorales.

     

    Demain, le Centrisme ne pourra devenir en France une pensée dominante que si les politiques qui prétendent s’en référer prennent ces fameuses responsabilités dont ils parlent à tout bout de champ… pour les autres!

     

    Cela passe par défendre leurs valeurs, non dans un splendide isolement, tout en trouvant des passerelles avec des partis proches de leurs idées afin de nouer des alliances, non des ralliements.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • De la patience d’être centriste

    Ceux qui, honnêtement et sincèrement, se déclarent des centristes ont bien du courage et de la patience. Non seulement, ils sont attaqués et raillés pour leur positionnement soi-disant «mou» et «frileux» (sauf au moment des élections où leurs voix sont courtisées avec un empressement proche de l’indécence) mais ils doivent essayer de suivre les circonvolutions, les retournements de veste, les allées et venues des politiques qui se réclament du Centre.

    Pour ne pas donner le tournis et désespérer ceux qui croient encore au Centre, nous ne prendrons comme exemple de notre démonstration que les cinq dernières années.

    Or donc, tout commence pour nous en 2007, lorsque le Centre, c’est-à-dire l’UDF, présente un candidat unique à l’élection présidentielle, François Bayrou, dont la particularité alors est d’essayer de parler le moins possible de son positionnement centriste et de se dire plutôt «démocrate» ou «progressiste», allant même jusqu’à affirmer lors d’une conférence de presse que le mot «centriste» ne fait pas partie de son vocabulaire.

    A ses côtés, on trouve le président du groupe UDF à l’Assemblée nationale, Hervé Morin, qui, en tant que fidèle lieutenant (parmi d’autres lieutenants, toutefois) fait sienne toutes les déclarations et les postures de son chef. Ce qui ne l’empêchera pas, entre les deux tours de la présidentielle de le lâcher en rase campagne pour mettre sur pied une nouvelle formation politique, le Nouveau centre (après une longue cogitation pour le nom…), et s’allier sans problème avec Nicolas Sarkozy, fustigé pendant la campagne par François Bayrou qui hésitera même à se désister en faveur de Ségolène Royal.

    Un Nicolas Sarkozy qui a déjà avec lui de nombreux centristes, en particulier ceux qui ont rejoints l’UMP depuis 2002, comme Pierre Méhaignerie ou Philippe Douste-Blazy.

    A la sortie de la présidentielle et des législatives qui l’ont suivie, le paysage du Centre est ainsi totalement modifié. L’UDF n’existe plus et est remplacée par deux partis (en attendant un troisième…). Il y a d’abord le Mouvement démocrate créé par François Bayrou dont l’analogie avec le Parti démocrate américain ou certaines formations «démocrates» européennes de centre-gauche n’a rien de fortuit, voulant ainsi signifier un positionnement plutôt à gauche et écologiste.

    Il y a ensuite le Nouveau centre, qui n’a rien de particulièrement nouveau puisqu’il regroupe des députés UDF déjà bien connus mais qui ont fait allégeance à Nicolas Sarkozy et se situent clairement au centre-droit. Il n’existe alors plus de formation se réclamant d’un positionnement centre-centre.

    Une des particularités de cette scission c’est que le Mouvement démocrate a enregistré très rapidement un nombre conséquent d’adhésions et compte ainsi de nombreux militants mais n’a que peu d’élus, trois députés seulement, alors que le Nouveau centre compte 30 députés mais n’a pratiquement aucun militant…

    Alors que François Bayrou s’enferme dans son splendide isolement, se réservant déjà pour les prochaines présidentielles de 2012 (ce qui lui fera passer par pertes et profits les élections «intermédiaires» au grand dam des militants et des élus du MoDem) les renégats de l’UDF entrent dans les ministères avec, comme figure de proue, un Hervé Morin, ministre de la Défense.

    Restent alors en déshérence, de nombreux militants centristes qui ne se reconnaissent dans aucune des deux voies choisies par les anciens responsables de l’UDF.

    Trois ans après cette scission, ils vont avoir la possibilité d’adhérer à une nouvelle formation, celle de Jean Arthuis, l’Alliance centriste. Par une incapacité de se situer entre les pro-Bayrou et les pro-Morin, le sénateur de la Mayenne reste dans un entre-deux trouble. S’il confie qu’il veut faire un putsch au Mouvement démocrate pour virer Bayrou, il ne dit pas s’il ferait autrement que ce dernier. Toutefois, sa volonté est de réunir tous les centristes ensemble ce qui séduit des centro-centristes qui le rejoignent.

    Nous sommes donc en 2010 et les centristes de l’UMP commencent, de leur côté, à montrer des signes de mécontentement. Non seulement ils estiment qu’ils ne sont pas bien servis de leur fidélité à cette UMP sensée regrouper sur un pied d’égalité la Droite et le Centre, mais ils enragent de voir que le Nouveau centre, ce parti de «ralliés du second tour», est mieux considéré par Nicolas Sarkozy.

    Il ne s’agit, au départ, aucunement d’une revendication au niveau des idées mais des postes. Pour autant, l’échec de plus en plus flagrant de la politique du président de la république sur fond de crise économique et de montée inexorable du chômage, permet aux centristes de l’UMP de demander une nouvelle politique plus responsable sur les déficits publics et plus volontariste socialement.

    C’est aussi le cas du Nouveau centre qui, depuis 2007, peine à se distinguer de sa grande sœur l’UMP et qui sent bien que, les élections approchant, il faut pouvoir exister de manière autonome.

    Mais c’est aussi le moment où François Bayrou réalise que sa stratégie du splendide isolement risque de l’isoler totalement et définitivement des Français. Il décide donc de revenir dans l’arène politique en se déclarant le seul et unique centriste, le seul capable, en tout cas, de réunir tous les centristes.

    Entre ses quatre courants (Mouvement démocrate, Nouveau centre, Alliance centriste, centristes du gouvernement), les ponts sont jetés mais les oppositions demeurent fortes, surtout au niveau des personnes et de la stratégie à emprunter pour parvenir au pouvoir, plus que sur les idées où les réelles synergies existent.

    C’est à ce moment-là, qu’un des déçus du sarkozysme, celui qui avait opiné du chef à toutes les décisions de l’Elysée depuis 2007, se rebelle après avoir été roulé dans la farine. Jean-Louis Borloo, président du Parti radical par défaut (il lui fallait un parti pour avoir quelques troupes), enrage de n’avoir pas été nommé premier ministre alors que des promesses lui avaient été faites. Pour se venger, il entre en guerre larvée avec l’UMP et crée l’Alliance républicaine écologiste et sociale avec le Nouveau centre et la Gauche moderne, micro-parti dirigé par Jean-Marie Bockel.

    Le but de cette alliance est de regrouper tous les centristes sauf François Bayrou et de présenter un candidat à l’élection présidentielle. Mais, dès le départ, deux hommes qui ne se vouent aucune sympathie, s’affrontent avant même que les statuts de cette alliance ne soient déposés: Hervé Morin et Jean-Louis Borloo.

    Après une série de péripéties qui ne sont pas à l’honneur de ceux qui y ont pris part, Jean-Louis Borloo décide de ne pas se présenter à la présidentielle et laisse Hervé Morin aller au casse-pipe avec des intentions de vote ridicules.

    Pendant ce temps, Jean Arthuis, après avoir signé un accord avec Hervé Morin pour créer une Confédération des centres qui ne verra jamais le jour, se jette dans les bras de François Bayrou, ce qui lui permet d’éviter que l’on remarque le fiasco total de son entreprise Alliance centriste.

    Un François Bayrou qui avance ses pions mais qui ne décolle pas dans les sondages jusqu’en décembre dernier où, après l’annonce officielle de sa candidature, il fait un bond de quatre à sept points pour se camper en quatrième position avec 13% à 15% des intentions de vote pendant qu’Hervé Morin demeure scotché à 1%.

    Et, après ce court résumé forcément réducteur, nous voilà donc fin janvier 2012…

    Pendant cinq ans, le Centre s’est donc fait plus remarqué par toute une série de manœuvres politiciennes que par une activité politique digne de ce nom. Non pas que ses leaders n’aient pas de programmes ou de visions politiques mais leurs chamailleries les ont nettement plus occupés que leurs projets pour la France. En tout cas aux yeux des Français.

    Pourtant, une dynamique, certes encore mesurée, a permis à François Bayrou de présenter une alternative de plus en plus crédible face aux trois autres «grands» candidats (Hollande, Sarkozy, Le Pen). Cependant, avouons-le, c’est plus parce que ceux-ci apparaissent plus ou moins incapables de répondre à la crise économique que par le programme du président du Mouvement démocrate que ce dernier a fait un bond dans les sondages.

    Reste que, pour les centristes, ceux qui se désolent de voir le Centre dans un état de délabrement depuis cinq ans, le sentiment est mitigé. Oui, il y a un espoir que le Centrisme puisse jouer un rôle dans la présidentielle. Et ce rôle pourrait être prééminent. Non, rien n’a changé réellement entre les centristes et il n’y a pas encore d’unité ni même un programme du Centre digne de ce nom.

    Du côté du Mouvement démocrate, on penche un peu trop sur les thèses nationalistes. Du côté du Nouveau centre, on oublie un peu trop les préoccupations sociales. Du côté des centristes de l’UMP, on est avant tout préoccupé à ne pas prendre une veste lors des prochaines législatives…

    Pour autant, ces cinq années de déshérence centriste nous ont appris quelque chose de fondamental et qui demeure un réel espoir pour l’avenir. Malgré toutes les attaques, dont beaucoup venues de l’intérieur, le Centre a résisté.

    Donné pour moribond depuis les débuts de la V° République, son acte de décès étant souvent publié par ses opposants, il est toujours là et représente une force non-négligeable de la politique française. Une force qui sera absolument nécessaire à celui qui se fera élire à la présidence de la république, qu’il soit centriste ou d’une autre mouvance partisane.

    Mais, comme on le dit souvent ici, ce ne sera pas grâce aux leaders centristes. A eux de changer cette donne.

    Faudra-t-il encore cinq ans de patience?!

     

    Alexandre Vatimbella

     

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  • Le Centrisme en 2012. Année à élections, année centriste?

     

     

     

     

    Vingt-six pays connaîtront, cette année, des élections nationales qui toucheront 53% de la population mondiale, représentant la moitié du PIB mondial. Des présidentielles à Paris et à Washington en passant par des législatives et d’autres présidentielles dans de nombreux pays, notamment en Afrique et en Europe, 2012 sera-t-elle une année centriste?

     

    Poser la question semble déjà une certaine provocation. En France, le meilleur candidat centriste est pour l’instant à moins de 15% des intentions de vote au premier tour. Aux Etats-Unis, le président centriste, Barack Obama est en grande difficulté et sa réélection n’est en rien assurée. De même, le Centre a, certes, des potentialités dans beaucoup d’autres pays mais pourrait n’en réaliser aucune ou peu.

     

    Pourtant, la crise et les difficultés qui l’accompagnent, touchant toutes les populations de la planète, demandent des solutions sans doute nouvelles et innovantes mais surtout responsables et difficiles, donc nécessitant un consensus. De quoi donner un certain avantage aux représentants du Centre.

     

    C’est dans ce cadre et avec des scénarios différents que les centristes pourraient faire la différence. Voyons ce qu’il en est dans deux des élections principales de l’année.

     

    En France, François Bayrou, après une traversée du désert tout au long du quinquennat de Nicolas Sarkozy et au vu du peu d’enthousiasme soulevé dans la population quant à sa volonté d’être à nouveau présent à la présidentielle, aurait du se cantonner à la dure réalité d’un petit candidat qui ferait une campagne courageuse mais qui aurait du mal à dépasser les 10% des intentions de vote.

     

    Mais, divine surprise pour le leader du Mouvement démocrate qui semblait même s’être fait une raison et vivre sur le souvenir de ses «18,55%» en 2007, les sondages ont frémi début décembre sous l’impulsion, à la fois et comme lors de la précédente campagne, de son entrée en lice officielle, du manque de charisme de ses adversaires et en particulier des candidats des deux grands partis et de médias très complaisants.

     

    Ce dernier phénomène que nous avions déjà analysé il y a cinq ans s’explique, à la fois, par la volonté de ceux-ci de donner du piment à une élection qu’ils ne veulent pas voir se résumer à un combat à deux et parce que les médias de gauche espèrent qu’il parasitera la Droite avant d’appeler à voter pour François Hollande au second tour et inversement pour la Droite avec, in fine, une prise de position en faveur de Nicolas Sarkozy…

     

    Un quatrième élément, la crise économique et le désarroi d’une partie des Français qui en résulte, ouvre le jeu à des candidats «recours» comme François Bayrou ou Marine Le Pen (et à un degré moindre, Jean-Luc Mélenchon).

     

    Cependant, les chances de François Bayrou, en ce début d’année 2012 demeurent encore largement hypothétiques. Il est toujours en quatrième position dans les sondages, loin derrière les deux qui font la course en tête. De même, il va devoir confronter son projet qui n’est pas encore publié à la critique des autres et surtout défendre des positions qui font déjà débat chez les centristes eux-mêmes, dans lesquelles certains y voient plus de populisme que de libéralisme, plus du nationalisme que de l’européanisme traditionnel de la famille du Centre et, surtout, de la démocratie-chrétienne dont est issu le président du Mouvement démocrate.

     

    C’est le cas d’Hervé Morin qui, s’il continue à être candidat dans les prochaines semaines, pourrait être, malgré ses 1% dans les sondages, une épine dans le pied de François Bayrou en défendant, comme il fait actuellement, des positions souvent plus centristes que celles du leader du Mouvement démocrate.

     

    Sans oublier que des tensions sont récemment apparues dans l’équipe de campagne de ce dernier, composée de personnalités venues de bords et de cultures politiques totalement différents. On l’a vu cette semaine en ce qui concerne la TVA sociale où Jean Arthuis a durement critiqué l’hostilité de François Bayrou à cette mesure.

     

    Et puis se posera l’éternelle question de l’«électabilité», pour utiliser un terme franglais, de François Bayrou (la propension que les électeurs ont de penser qu’il a des chances réelles de devenir président). Car les sondages montrent encore que les Français ne le voient pas à l’Elysée et les questions, s’il devient président, de savoir avec qui il va gouverner et comment il se débrouillera avec un parti sans élus et faiblement structuré, seront de plus en plus prégnantes s’il continue à monter dans les sondages et au fur et à mesure que l’élection approchera.

     

    Aux Etats-Unis, Barack Obama qui ne suscite plus l’engouement de 2007-2008, pourrait toutefois tirer son épingle du jeu face à un candidat républicain qui, même s’il est modéré au fond de lui-même comme Mitt Romney (le favori actuel dans les primaires), demeurera, quoiqu’il arrive, l’otage des extrémistes de la droite conservatrice à qui il devra donner des gages afin qu’ils votent pour lui.

     

    D’autant, qu’en ce début d’année, la situation économique semble s’améliorer sans que l’on sache encore s’il s’agit d’un mouvement de fond ou seulement d’une embellie passagère. Le chômage est ainsi tombé à son plus bas depuis quatre ans, à 8,5% de la population active, et les entreprises américaines ont créé 200.000 emplois en décembre.

     

    Néanmoins, la situation du président sortant demeure fragile. D’une part, parce que les difficultés économiques vont encore toucher, quoiqu’il arrive, la population. D’autre part, parce que toute rechute dans ce domaine boostera le candidat républicain qui lui sera opposé en novembre prochain.

     

    En outre, le filet de sécurité de Barack Obama est très effiloché avec des sondages qui sont, certes, meilleurs qu’il y a quelques semaines mais qui demeurent beaucoup moins favorables, en termes d’opinions positives et d’approbations de son action, que ceux de la plupart des présidents qui l’ont précédé et qui se présentaient à leur propre succession, surtout, les sondages de ceux qui ont été réélus...

     

    Bien sûr, il est faux d’affirmer que le seul atout majeur d’Obama est la faiblesse (même si celle-ci est véritable) du panel de candidats républicains qui veulent se présenter face à lui. Pour autant, cela, évidemment, le servira grandement. Reste qu’il peut aussi présenter un bilan dont il n’a pas à rougir.

     

    Enfin, son centrisme qui a été la cible d’attaques très dures voire haineuses au cours des trois dernières années de la part la Gauche et la Droite sera, sans doute, un précieux avantage au moment où les Américains rejettent de plus en plus les outrances des extrémistes (le Mouvement du Tea Party est en forte chute dans les sondages) et où le vote des «independents» - ces électeurs qui ne se reconnaissent dans aucun des deux grands partis et qui se définissent le plus souvent comme des modérés -, sera la clé de l’élection.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Le Centre et la dangereuse émergence de la «préférence nationale» dans le discours des politiques

     

     


     

    Le débat politique s’est, dangereusement, orienté, ces dernières semaines, sur des thèmes qui, soyons clairs, sont proches de ceux du Front national. Et ce n’est pas une quelconque provocation de le dire mais seulement une simple constatation.

     

    D’ailleurs, les Français ne sont pas dupes et le confirment dans les sondages comme  dans celui qui montre que le candidat à la présidentielle qui est le plus capable de mettre en place l’«Acheter français» est, de loin, Marine Le Pen (avec 20% des personnes interrogées) devant Nicolas Sarkozy (14%), François Bayrou (13%) et François Hollande (12%).

     

    Et ceci n’est guère étonnant puisque, depuis les années 1980 qui ont vu son éclosion électorale, le parti créé par Jean-Marie Le Pen n’a jamais cessé de parler de «préférence nationale» dans tous les domaines du sociétal au social en passant par l’économique (une des raisons pour lesquelles les ouvriers, premières «victimes» de la mondialisation émergente ont commencé dès cette époque à voter nombreux pour l’extrême-droite suite à l’effondrement du Parti communiste).

     

    Et la crise économique dans laquelle nous nous trouvons depuis 2008 est évidemment un terrain privilégié pour cette «préférence nationale» tous azimuts.

     

    Bien sûr, ce qui distingue des partis comme l’UMP, le Parti socialiste et le Mouvement démocrate du Front national, c’est que ce dernier (comme l’extrême-gauche) veut réglementer par des mesures xénophobes et autarciques le produire et l’acheter français ainsi que l’embauche prioritaire de nationaux et la fin totale de l’immigration de même que la sortie de l’Union européenne et de l’euro. Le tout, dans une démarche suicidaire de «démondialisation».

     

    Pour les premiers, en revanche, il s’agit d’incitations qui peuvent prendre la forme, comme pour le «produire français», d’aides à l’industrie et, plus particulièrement aux PME. Cependant, les responsables de ces partis savent bien qu’il n’est pas possible, en l’état de nos engagement internationaux, d’obliger, ni même de subventionner l’achat de produits français. Nous sommes dans la zone euro, l’Union européenne et dans une mondialisation régit par les règles de l’Organisation mondiale du commerce, entre autres, sans oublier tous les traités commerciaux bilatéraux que le France a signés.

     

    Ce n’est pas possible mais ce n’est pas souhaitable, non plus. Notre développement économique ne peut se faire que dans cette ouverture mondiale qui lui a tellement profité pendant des décennies (même si nous devons absolument faire en sorte que les règles du jeu de la concurrence soient réellement appliquées par tous, sans exception). Dire le contraire, c’est jouer sur les peurs des Français de manière irresponsable et jouer contre la France et son avenir.

     

    Pour les partis démocratiques, il a toujours été de bon ton de dire que le Front national posait les bonnes questions mais y apportait les mauvaises réponses. Avant de tourner éventuellement casaque, qu’ils se rappellent que, la plupart du temps, les électeurs préfèrent l’original aux copies. Mais, plus que tout, qu’ils n’oublient pas que l’honneur du politique ce n’est pas la démagogie mais le courage.

     

    Le Centre par ses représentants se doit être une vigie de l’humanisme mais aussi de la modération telle qu’elle était conçue par Aristote, c’est-à-dire un refus d’établir le vivre ensemble  sur des discours extrémistes, qu’ils viennent de la droite ou de la gauche.

     

    Car, au-delà d’une rhétorique électorale (et dans ce cadre «acheter français ou «produire français» peuvent être vus comme des slogans «softs»), l’histoire nous apprend que l’ouverture de la boite de Pandore dans ce domaine n’a jamais produit de bonnes choses.

     

    En favorisant le «recentrage» de thèses extrémistes en leur donnant une respectabilité dans le débat politique, on permet à ceux qui en sont les principaux propagandistes de bénéficier également de respectabilité. Cette nouvelle brèche dans le rempart anti-extrémisme encourage également ces partis de la haine et du bouc émissaire à développer des thèses bien plus extrémistes et de jouer de plus en plus sur les peurs et les angoisses de la population.

     

    Certains diront que le discours qui vient d’être tenu ici est beaucoup trop alarmiste. Comme on espère qu’ils ont raison.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • La TVA sociale «centriste» nécessite des engagements forts de la part des entreprises

     

     


     

    La TVA sociale, mesure ardemment défendue par de nombreux centristes qui l’ont promue ces dernières années, est-elle une mesure efficace et indispensable en ces temps de crise et de mondialisation qui recompose le paysage économique et industriel de la planète ou n’est-elle qu’une fausse bonne idée, un gadget politique de plus?

     

    Rappelons que le principe de la TVA sociale est de faire payer par le consommateur une partie de la protection sociale en délestant d’autant l’entreprise et le salarié de cette charge. Cela permet, dans une modélisation idéale, de donner de la compétitivité aux entreprises françaises et de demander aux produits étrangers à bas prix (et à bas coûts) qui rentrent sur le marché national de participer à cette protection sociale, ce qu’ils ne font pas jusqu’à aujourd’hui, profitant de cette franchise de coût pour concurrencer de manière déloyale les produits français.

     

    Cette conception, sur le papier, d’une contribution des exportations au modèle social français est assez pertinente dans le sens où elle introduit un élément régulateur dans une distorsion de la concurrence qui ne profite actuellement qu’aux produits étrangers et pénalisent les produits français.

     

    Mais, pour que cette TVA sociale soit pertinente dans la réalité, il faut qu’au niveau de la société française, elle soit une mesure «gagnant-gagnant».

     

    Car, toujours dans une modélisation idéale, pour que la baisse des coûts de production sur le territoire français induit par la TVA sociale bénéficie à tous et pas seulement aux entreprises, ces dernières doivent répercuter, d’une façon ou d’une autre, cette baisse afin d’éviter que le pouvoir d’achat de tous ne soit pas rogné.

     

    Cela signifie, concrètement, que le prix de vente des produits «made in France» ne doivent pas augmenter à cause de la hausse de la TVA dans sa part «sociale».

     

    Le consommateur ne doit être lésé que s’il préfère acheter des produits étrangers à bas coûts (et à moins bas prix…) mais pas s’il opte pour des produits fabriqués sur le territoire français.

     

    Or ceci demande qu’il n’y ait pas de volonté de la part des entreprises française d’augmenter leurs profits en «refaisant leurs marges» grâce à cette hausse de la TVA, en vendant toujours au même prix hors TVA et donc plus cher pour le consommateur.

     

    Cette situation est celle que craignent de nombreux économistes ou politiques comme, par exemple, le député Nouveau centre, Charles de Courson, spécialiste des finances publiques. Dès lors, la TVA sociale serait donc injuste pour les plus démunis mais également source d’inflation.

     

    Sans faire de procès d’intention aux entreprises, il est inquiétant de noter les dernières déclarations de celles-ci via l’Afep (Association française des entreprises privées regroupant les plus grosses entreprises françaises) et le Medef.

     

    Ainsi, que ce soit pour Laurence Parisot (Medef) ou Maurice Levy (Afep), l’idée est de permettre aux entreprises de dégager des marges plus importantes grâce à cette fiscalisation de la protection sociale. Afin d’éviter d’être taxées d’antisociales, les deux organisations proposent de relever les salaires, ce qui démontre que cette hausse de la TVA et la baisse de la taxation des entreprises entraînera, dans leur vision, une hausse des prix.

     

    Dès lors, la TVA sociale ainsi conçue et organisée devient pour les politiques un boulet électoral, ce qu’avait très bien senti Nicolas Sarkozy en 2007. Les électeurs ne voient dans une augmentation de la TVA, qu’une augmentation mécanique des prix.

     

    Pire, ils savent que les promesses des politiques affirmant que les prix demeureront raisonnables et toute autre déclaration lénifiante dans le même sens n’engagent que ceux qui les croient puisqu’aucune obligation légale ne les accompagne.

     

    Quand, déjà, à la base, pour le consommateur-électeur il est évident qu’il y a un risque de dérapage, il ne va pas se jeter dans la gueule du loup aussi facilement, ce que les résultats des législatives de 2007 avaient démontré (Jean-Louis Borloo, pressenti pour être le ministre de l’économie et des finances du gouvernement du nouveau président élu, avait défendu l’instauration d’une TVA sociale, ce qui avait fait perdre, selon l’UMP, une cinquantaine de députés à la majorité présidentielle).

     

    Du coup, en l’absence de contrôle des prix par les pouvoirs publics auquel il est hors de question de revenir, seule une obligation consentie par un accord dûment signé (et non pas de simples déclarations d’intentions) peut faire de la bonne idée qui est derrière l’instauration de la TVA sociale, une mesure efficace et supportée par les électeurs.

     

    Et elle doit pouvoir être abrogée si les entreprises ne tiennent pas leur parole.

     

    Sinon, la TVA sociale risque d’être le Waterloo de ceux qui en sont les promoteurs.

     

     

     

    Alexandre Vatimbella

     

     

     

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  • Mais pour qui François Bayrou appellera-t-il à voter au second tour de la présidentielle?


    Si l’on estime, au jour d’aujourd’hui, que François Bayrou n’a que peu de chances d’accéder au second tour de la présidentielle (mais cela peut évidemment changer d’ici à avril 2012), on peut se demander pour qui il appellera à voter lors de ce duel. Pour François Hollande? Pour Nicolas Sarkozy? On exclut évidemment ici la présence de Marine Le Pen, car si ce cas de figure existe, il appellera à voter pour son adversaire, quel qu’il soit.

    Cette question n’est pas anodine car, d’une part, François Bayrou a dit lui-même que cette fois-ci, à l’inverse de 2007 où il n’avait donné aucune consigne de vote à son électorat, il appellerait à voter pour un des deux candidats encore en lice.

    De même, d’autre part, Hervé Morin n’arrête pas d’affirmer, pour mieux le rejeter hors du Centre, que son choix est déjà fait et que celui-ci est François Hollande (celui de Morin est déjà Sarkozy, mais là, c’est lui-même qui le dit!).

    Nous avons déjà expliqué ici qu’au vu des sondages et de la situation politique (mais tous peut également changer dans les six mois à venir), François Bayrou concourt pour être l’adversaire au second tour de François Hollande tant il semble évident que le candidat du Parti socialiste semble être assuré, à l’heure actuelle, d’être un des deux élus du premier tour.

    Dès lors, il doit se positionner face à Nicolas Sarkozy en essayant de capter son électorat positionné au centre-droit et dans des mouvances de droite modérée.

    D’où une difficulté, s’il n’est pas présent au second tour, à appeler à voter pour François Hollande.

    Cependant, ses critiques pendant cinq ans sans discontinuer (sauf ces derniers mois, ce qui peut être une indication) de Nicolas Sarkozy rendent également difficile l’appel au vote du président sortant.

    Pourtant, comme il a dit qu’il en choisirait un, il faudra bien qu’il se décide…

    Si le schéma d’une place à prendre pour affronter Hollande au second tour se confirme, François Bayrou aura du mal, pour demeurer crédible, d’appeler à voter pour le candidat socialiste.

    Et il aura tout à gagner (des places intéressantes au gouvernement et un accord pour les législatives) en se rapprochant de Nicolas Sarkozy.

    D’autant que François Hollande ne pourra pas forcément lui proposer autant que le président sortant puisqu’il devra compter sur les Verts et le Front de gauche, à qui il devra faire d’importantes concessions (sauf s’il les lamine mais même dans ce cas là, il aura besoin de leur voix malgré tout)

    Dès lors, en cette mi-octobre 2011, Hervé Morin a sans doute tort d’affirmer que François Bayrou appellera certainement à voter pour François Hollande.

    Et puis, in fine, tout dépendra du score du président du Mouvement démocrate. S’il dépasse les 15%, sa parole comptera. S’il est plus proche des 5%, celle-ci portera peu. Car entre faiseur de roi et rallié parmi tant d’autres, il y a un océan d’influence…

     

    Alexandre Vatimbella

     

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